ROLAND SABATIER lettrisme

 
 

Collage imprimé offset et acrylique sur toile (73 x 60 cm), avec bicyclette attachée. Dimensions:  60 x 300 cm. (ARC 90-2)


Texte transcrit sur la toile:

« Avec cette œuvre, je vous invite, encore une fois, à comprendre que l’objet figuratif ne peut plus donner lieu depuis longtemps à des représentations plastiques originales.

Après les écoles passées de construction et de destruction de cette représentation, après le non-figuratif et surtout après Dada qui, dès 1916, proposait le remplacement de la peinture du réel par la simple présentation du réel signé en lui-même comme un ready-made, l’objet figuratif ne peut intervenir dans la peinture que comme un simple signe idéographique intégré dans la structure de l’ensemble des signes de la communication ou de l’hypergraphie ; comme un simple support de ces derniers ; ou encore, dans l’art infinitésimal, comme la notation visible de signes virtuels destinés à faire penser à de réalités mentales imaginaires.

Cette œuvre tente de démontrer cela. Je n’aime pas les imitateurs qui se trompent sur la place des objets dans l’art. Ils apportent des confusions dans la ligne pure de la peinture qui vous font perdre du temps en retardant notre rapprochement et notre compréhension mutuelle d’êtres et de coéchangistes.

Cette œuvre qui vous informe sur la création est, pour être clair, une œuvre hypergraphique réalisée avec différents matériaux envisagés comme de simples supports et ayant pour thème la pédagogie esthétique ».


Extrait d'un entretien de l'artiste avec Eric Monsinjon, publié dans Lettrisme et pédagogie (Ed. Psi, 2006), au sujet des "Œuvres de pédagogie esthétique".

"R.S. : - (...) la plus large part (de ces oeuvres) date de l’année suivante qui a vu leur réunion dans une exposition à la galerie Annick Glass à Billom, d’ailleurs sous le même titre de « Œuvres de pédagogie esthétique ». C’est près de Clermont-Ferrand à une époque où j’exposais beaucoup et où me posait toujours les mêmes questions sur le lettrisme. C’est à cette occasion précisément que j’ai pensé organiser et approfondir ces sortes d’ « œuvres-réponses » qui pouvaient ainsi  « parler » à ma place. Mais, de différentes manières, même implicites, il me semble que toutes mes propositions antérieures n’ont jamais traité d’autres thèmes. Tout le monde veut savoir ce qu’est le lettrisme. Alors, il faut l’expliquer dans des relations interpersonnelles privées ou publiques, des conférences, des débats, et plus on l’explique, mieux on l’explique, car on ressent très vite la nécessité de dire tout ça avec méthode et discernement. Habituellement, cela s’accomplit avec des mots, en général dans le cadre de lieux éducatifs, avec les œuvres de cette série, je le fais avec les moyens de l’art, dans le cadre d’expositions. Dans de nombreux cas j’ai même éprouvé le besoin d’en expliquer certaines par des écrits qui permettait de les situer ou de mieux les comprendre. Il me semble que toutes les œuvres inédites – disons quelque peu innovantes – sont des moyens de pédagogie, c’est-à-dire des degrés d’un savoir esthétique que, comme tout savoir, il faut rejoindre en se portant à son niveau pour se l’approprier. L’idée de la série vient de là, et plus précisément du fait que, depuis ma présence dans le lettrisme, j’ai toujours été conduit à propager les conceptions de ce mouvement, à convaincre des marchands, des conservateurs ou des critiques de sa valeur. Depuis le temps j’avais l’impression d’avoir un peu fait le tour de cette forme de propagation qui prend du temps sans laisser vraiment des traces et il m’a semblé que je pouvais poursuivre cette même activité en la développant par des moyens artistiques. C’est ainsi que j’ai réalisé ces choses qui, en plus de se spécifier comme œuvres, se révèlent capables de délivrer des explications. 

E.M. : – C’est ainsi qu’elles peuvent être considérées comme les différentes parties d’une forme de cours sur l’art.

R.S. : – On n’y pense pas mais l’idée du cours a toujours été liée à une forme d’esthétique. La prose qui en véhicule le sens n’est pas inventée par les pédagogues, elle nous vient de l’histoire du roman qui, depuis Cicéron a évoluée jusqu’à Joyce pour nous offrir un spectre complet de toutes les manières d’exposer des idées. La preuve c’est que les cours d’aujourd’hui ne ressemblent plus aux cours d’il y a cent ans. Au-delà de toutes ces manières, on peut en inventer de nouvelles marquées par d’autres expressions et d’autres supports. "


EXPOSITIONS :

Roland Sabatier, Galerie Artcade, Nice, 1990.

Roland Sabatier, SAGA 1991, Grand Palais, Paris, 1991

A (sur) la lettre, galerie Lola Gassin, 1994.

Roland Sabatier: Œuvres de pédagogie esthétique, Site expérimental de pratiques artistique Le Bon Accueil, Rennes, 2006.


BIBLIOGRAPHIE :

Roland Sabatier : Œuvres de pédagogie esthétique, Semaines (revue hebdomadaire pour l’art contemporain), n°109, Préface de Mirella Bandini, Rennes, octobre 2006, (Reproduction)

Roland Sabatier: “What about plastic art creation? Interview par Philippe Scémama, in Art Thèmes, spécial SAGA, 1991.Art Thème (spécial SAGA), Nice, 1991 (Reproduction).

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La cote au Saga, par Frédéric Altmann, Nice-Matin, 10 février 1991.

Les Echos du durable, n°3, juin 1991 (Reproduction)

Lettrisme et pédagogie, entretien de Roland Sabatier avec Eric Monsinjon, éditions Psi, Paris 2006

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ROLAND SABATIER

WHAT ABOUT PLASTIC ART CREATION?

1990

What about plastic art creation ?, installation au Site expérimental de pratiques artistiques de Rennes, en 2006, dans le cadre de l’exposition de Roland Sabatier « Œuvres de pédagogie esthétique ».